L’importance d’une fête de la Saint-Nicolas inclusive
Pourquoi le personnage de «Zwarte Piet » est-il néfaste ?
Pour que cela soit clair, nous devons d’abord nous pencher sur les stéréotypes, les préjugés et la discrimination ; ce qu’ils sont et ce qu’ils provoquent.
Les stéréotypes sont des conceptions généralisantes sur les caractéristiques, les traits et les comportements d’un groupe social. Ces généralisations sont ensuite appliquées aux individus appartenant à ce groupe.
Parfois, les stéréotypes sont créés de manière très délibérée afin de créer des préjugés. À l’époque des colonies, les Noirs étaient représentés de toutes sortes de façons dans notre pays, bien avant que le citoyen lambda n’ait vu un Africain en vrai. Ainsi, chez le boucher du coin, on pouvait voir des figurines d’Africains qui hochaient la tête quand on y mettait une pièce. Ces figurines caricaturales hochant de la tête ont dépeint un stéréotype d’infériorité, de stupidité et de soumission. Le but, bien sûr, était d’excuser les crimes dans les colonies. Les gens en tiraient la conclusion que nous menions une entreprise d’aide au développement, alors qu’en réalité il s’agissait de crimes contre l’humanité. Ainsi, un personnage comme « Zwarte Piet », pourtant repris des Hollandais, s’intégrait parfaitement dans cette imagerie. Les stéréotypes ethniques présentés aux gens de cette manière ont la particularité de rester inchangés dans le temps.


Voici quelques exemples de discrimination :
- Quelqu’un à qui on demande très souvent de vérifier ses sacs de courses dans les magasins en raison de son origine supposée.
- Un patient qui refuse d’être traité par un prestataire de soins de santé dont la couleur de peau est différente.
- Les lettres de candidature de personnes portant des noms dénotant une origine étrangère qui sont automatiquement mises sur la pile « à remercier » uniquement à cause de ce nom.
- Les femmes ne peuvent profiter d’opportunités de promotion à cause d’une évaluation basée sur le sexe plutôt que sur les compétences.
- Les personnes âgées qui sont traitées comme des enfants dans un magasin d’informatique.
- Une personne à la peau foncée à qui l’on dit que l’appartement vient d’être loué, alors que quelques instants plus tard, il peut être visité par une personne à la peau claire.
« Zwarte Piet » est un stéréotype créé à l’époque où il fallait déshumaniser les Noirs pour rendre l’esclavage acceptable.
Au début, les gens devaient en avoir peur (comme en témoignent le fouet et le sac pour les enfants méchants). Plus tard, dans les années 1990, il a été transformé en ami des enfants. Cet ami des enfants est l’assistant de Saint-Nicolas (vêtu d’un costume de serviteur du XVIIIe siècle et donc en réalité un esclave), ne veut pas travailler (paresseux), fait beaucoup de plaisanteries (enfantin), ne sait pas lire et écrire correctement (stupide) et est souvent représenté de manière ludique dans des positions acrobatiques (de nouveau enfantines).
Les préjugés que l’on retrouve parmi la population blanche à l’égard des personnes à la peau plus foncée coïncident totalement avec les stéréotypes qu’incarne « Zwarte Piet ». Ces stéréotypes pèsent si lourd que de nombreux enfants à la peau foncée souffrent également d’une faible estime de soi.
En outre, de nombreux enfants sont aujourd’hui encore victimes de brimades pendant la période de la Saint-Nicolas. Cet argument devrait à lui seul convaincre la Belgique d’interdire les personnages nuisibles comme « Zwarte Piet ». Pourquoi l’expérience nostalgique d’une fête pour enfants est-elle plus importante que le bien-être de tous nos enfants ?
Nous savons aujourd’hui que certains stéréotypes entraînent des préjugés, qui conduisent à leur tour à la discrimination. Il est clair que l’élimination de ces stéréotypes est l’outil le plus évident. En outre, des modèles positifs, tels que la représentation positive dans les livres pour enfants comportant des images, peuvent contribuer à contrecarrer les effets des stéréotypes. (lien vers plus d’informations sur l’importance des livres pour enfants comportant des images)
Il est donc extrêmement important pour le bien-être de nos enfants que nous nous mobilisions ensemble pour une Saint-Nicolas inclusive !



Les préjugés sont profondément enracinés dans notre système sociétal et se trouvent également en nous. Il nous appartient de lutter contre ces préjugés dans notre environnement, mais nous devons aussi nous attaquer à nos propres préjugés.
– Ijeoma Oluo –
Quand parle-t-on de préjugés ?
On parle de préjugés lorsqu’une personne qui est, ou est censée être, membre d’un groupe particulier est présentée sous un jour négatif en raison d’un stéréotype qui est ou était attribué à ce groupe.
Il existe des préjugés sur le genre, la race perçue, l’ethnicité, la culture, le handicap, l’identité de genre, l’expression de genre, la pauvreté, la nationalité, l’origine, l’affiliation politique, la conscience environnementale, l’âge, la religion, l’état civil, le statut social, l’orientation, le physique … la liste est sans fin.
On parle de discrimination lorsqu’une personne agit en fonction de ses convictions biaisées.



